Il suffit parfois d’un mot mal placé, d’une remarque à contretemps, d’un silence là où on attendait un geste… pour que quelque chose se fêle. Non pas à cause d’une grande violence, mais à cause d’une accumulation de maladresses, souvent minimisées, qui laissent pourtant un vrai goût de solitude. Dans le couple, la maladresse émotionnelle peut faire des ravages silencieux. Elle n’est pas spectaculaire comme la trahison ou le conflit, mais elle érode doucement le lien. Comment faire face à un partenaire maladroit ?

D’où vient cette maladresse émotionnelle ?
La manière dont nous avons été “contenus” émotionnellement dans l’enfance détermine notre capacité à être disponibles aux émotions de l’autre :
Un partenaire maladroit a souvent :
– Manqué de réconfort stable dans son enfance,
– Reçu des messages de minimisation de ses émotions (« ce n’est pas grave », « t’es trop sensible »),
– A été élevé dans un environnement où l’expression des émotions était mal vue ou dangereuse.
– A appris à s’éloigner des affects. Pas par indifférence, mais pour se protéger.
Le psychanalyste Donald Winnicott parlait du besoin, chez le bébé, d’un « objet qui ne tombe pas » : une figure parentale stable, fiable, qui résiste à la détresse de l’enfant sans fuir ni s’effondrer.
Un partenaire maladroit peut n’avoir jamais connu cet appui lorsqu’il était bébé et enfant. Il peut donc :
– Fuir la tristesse de l’autre (car elle le confronte à la sienne),
– Se défendre avec l’humour, l’agacement, l’inaction,
– Ou même ne pas comprendre la légitimité de l’émotion exprimée.
Il ne s’agit donc pas d’un manque d’amour, mais d’un manque de structure émotionnelle.
Dans un couple cela se manifeste au quotidien comme ceci :
Vous pleurez, il.elle dit : « Tu dramatises encore ».
Vous exprimez une peur, il répond : « T’as qu’à pas y penser ».
Vous êtes blessé.e, il lance : « Faut pas le prendre comme ça ».
Alors vous vous sentez seul.e, incompris.e, pas soutenu.e.
Pire : parfois vous vous sentez coupable d’être de pleurer ou d’être ému.e…
Que faire face à un partenaire émotionnellement maladroit ?
- Exprimez votre besoin de manière claire et directe
« J’ai besoin que tu sois présent quand je me sens mal, même si tu ne sais pas quoi dire. »
Un partenaire maladroit ne devine rien. Il faut l’éduquer sans l’accuser. Il ne s’agit pas de dire « Tu ne me comprends jamais », mais plutôt : « Quand tu dis ça, je me sens seul.e. J’aimerais juste que tu sois là, sans solution, juste là, avec moi. »
Agnès Love Coach
- Distinguez l’intention de l’impact
Nommer la blessure sans accuser la personne, c’est déjà restaurer un lien plus adulte :« Je sais que tu n’as pas voulu me faire mal, mais ça m’a blessé. »
- Observez la capacité d’évolution
Bonne nouvelle ! Certains partenaires, bien que maladroits au départ, peuvent apprendre.
Mais cela demande :
• Une envie de comprendre l’autre,
• Une remise en question sincère,
• Un minimum de maturité affective.
Si votre partenaire reconnaît ses maladresses et essaie sincèrement de s’ajuster, c’est un bon signe.
S’il.elle refuse d’admettre l’effet de ses mots ou se moque de votre vulnérabilité, c’est une alarme.
- Évaluez ses propres blessures
Parfois, nos propres sensibilités anciennes amplifient l’effet des maladresses.
Ce n’est pas une excuse pour l’autre, mais une invitation à s’interroger :
• Est-ce que je cherche une réparation parentale dans mon partenaire ?
• Est-ce que je suis parfois dans une attente absolue de fusion, de compréhension totale ?
• Est-ce que je tolère l’hostilité sous couvert de maladresse ?
Un travail personnel (par la thérapie ou le coaching) aide à reposer des attentes justes.
Et si rien ne change ?
La vraie question à vous poser est alors : Combien de fois encore vais-je me sentir seul.e dans ma douleur, avant d’admettre que ce lien ne me nourrit pas ? L’amour n’est pas censé être une suite d’explications. Vous avez le droit d’être avec quelqu’un qui sait dire “je suis là”, au lieu de se défendre. Parfois, la meilleure preuve d’amour qu’on se donne, c’est de partir de là où on ne se sent jamais rejoint.
La maladresse n’est pas une faute, mais elle devient toxique si elle est persistante, niée, banalisée. Apprenez à poser des mots clairs.
Agnès Love Coach
Offrez des chances, mais pas pendant des années.
Et surtout, n’oubliez pas : vous méritez un lien qui vous comprend car dans un couple, l’amour sans réconfort, c’est comme un toit sans fondation : instable, fragile, décevant.
Exemple avec Sophie : “Il disait qu’il m’aimait, mais je pleurais seule”
Sophie, 42 ans, est en couple depuis trois ans avec Julien. Elle le décrit comme un homme “gentil, fiable, fidèle”. Mais chaque fois qu’elle vit une baisse de moral, une angoisse, une remise en question, Julien devient… fuyant ou maladroit. « Quand je suis triste, il me dit toujours ‘Allez, ça va aller’. Ou il me propose d’aller faire un resto, comme si un plat de pâtes allait réparer ma douleur. Parfois, il me laisse pleurer seule, en disant qu’il ne sait pas quoi faire. Il m’aime, j’en suis sûre. Mais j’ai l’impression d’être seule avec mes émotions. »
Sophie se sent de plus en plus incomprise. Non pas maltraitée, mais non-rejointe. En séance de coaching, elle me raconte que Julien a perdu sa mère à 16 ans d’un cancer fulgurant. Il a été élevé ensuite par un père taiseux, et n’a jamais “appris” à être là dans la douleur. Quand elle pleure, il panique intérieurement : il se sent inutile, démuni, voire en danger.
Il ne la méprise pas. Il n’est pas froid. Il est juste incapable de supporter les émotions d’autrui, car il n’a jamais pu être soutenu dans les siennes.
Que faire concrètement si votre partenaire est maladroit face à vos émotions ?
- Observer les actes plutôt que les mots Est-ce que malgré sa maladresse, il revient ? Il écoute ? Il essaie, même maladroitement, de vous consoler ? Cela compte.
- Faites des demandes claires : « Quand je suis triste, j’ai besoin que tu restes avec moi sans minimiser. » (Les maladroits ont besoin de mode d’emploi émotionnel, pas de reproches.)
- Éviter les généralisations blessantes. Dire « Tu n’es jamais là pour moi » peut bloquer l’échange. (Préférez : « L’autre jour, j’ai eu mal quand tu m’as dit ça. …. »)
- Ne vous sur-adaptez pas pour maintenir l’harmonie. (Ce n’est pas à vous de rétrécir vos émotions pour protéger l’autre de ses carences émotionnelles.)
- Faites vous accompagner. (Je peux vous aider à poser des repères, surtout si la confusion règne entre maladresse et indifférence.)
Autre exemple avec Elodie et Marc lors d’une de mes séance de love coaching en couple
Marc, 38 ans, est en couple avec Élodie depuis un an. C’est un homme brillant, ingénieur, rationnel, très apprécié de ses amis. Mais dans la sphère intime, il est souvent sec et distant quand Élodie exprime ses blessures. Un soir, elle lui confie qu’elle s’est sentie humiliée lors d’un repas en famille quand il l’a interrompue sèchement. Il lui répond : « Tu exagères. Tu veux toujours tout dramatiser. » Élodie se referme. En séance, elle explique : « Ce n’est même pas qu’il me contredit… c’est qu’il invalide. Je pourrais être en larmes, il me sortirait une analyse froide. »
J’ai alors dit à Marc : « Vous êtes très intelligent, Marc. Mais dans un couple, ce n’est pas l’intelligence qui console. C’est la présence. »
Cette phrase le déstabilise. Et il répond, presque bouleversé : « J’ai toujours cru que si j’analysais bien les choses, ça suffisait. Mais j’ai compris que ce que je faisais, c’était éviter d’être touché. J’ai peur de me laisser traverser, alors je contrôle tout avec ma tête. »
Cette prise de conscience l’a aidé à sortir de son fonctionnement défensif. Il ne savait pas comment faire “mieux”, mais il a commencé à demander à Elodie : « Est-ce que tu veux que je dise quelque chose ? Ou juste que je t’écoute ? » Ce n’est pas devenu un expert en émotions du jour au lendemain, mais il est devenu un homme qui apprend à aimer autrement que par le raisonnement.
Dernier exemple avec Vincent et Nadia
Vincent, 45 ans, est un homme solaire, toujours en mouvement. Il aime faire plaisir, organiser des weekends, cuisiner, trouver des cadeaux. Sa compagne Nadia le décrit comme « adorable, mais absent émotionnellement ». Quand elle va mal, il redouble d’énergie, propose mille solutions : « Allez viens, on va marcher, ça va te changer les idées ! » « J’ai trouvé un documentaire qui pourrait t’aider à relativiser. » « Je t’ai acheté une bougie parfumée pour te détendre. »
Mais Nadia ne se sent pas rejointe, juste “gérée”. Nadia, qui a un passé de dépression, a besoin qu’on l’écoute dans le silence, qu’on reste simplement là, sans détourner l’attention.
Lors d’un échange en séance, Vincent lance avec sincérité : « Mais je fais tout pour qu’elle se sente mieux ! Elle voit pas tout ce que je fais ? » Je lui ai répondu : « Ce que vous faites est généreux, mais ce n’est pas ce qu’elle vous demande. Elle ne veut pas de solutions. Elle veut que vous accueilliez ce qu’elle ressent, sans essayer de le réparer. »
Un long silence suit. Puis Vincent, les yeux brillants, dit : « Chez moi, on ne parlait jamais de ce qu’on ressentait. Quand mon frère allait mal, mes parents disaient juste : “Faut pas s’écouter.” Alors je cours… j’agis… parce que si je m’arrête, je crois que j’entends ma propre tristesse. » Cette prise de conscience lui a permis de ralentir. Il a commencé à oser ne rien faire dans certains moments-clés. À s’asseoir, à poser une main sur l’épaule de Nadia, sans parler. Nadia lui a dit une semaine plus tard : « Tu m’as fait du bien, sans rien faire. Pour la première fois, j’ai senti que j’étais pas toute seule. »
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