Agnès Love coach

Il est des vérités intérieures que l’on peut différer, mais jamais éteindre. Elles reviennent, insidieuses, dans les silences du soir, dans la froideur d’un lit partagé sans désir ou dans l’absence de regard amoureux. La phrase se forme d’abord en secret, comme une trahison envers soi-même : « Je veux divorcer. » Et aussitôt, presque mécaniquement, surgit la peur.

Car divorcer n’est pas un simple acte administratif. C’est une déchirure ontologique. C’est rompre un engagement qui, pour beaucoup, fut conçu comme indissoluble : « pour toujours », « jusqu’à ce que la mort nous sépare ». Un mariage, même sans ancrage religieux, porte toujours la trace de ce sacré. Il y a dans ce « oui » initial une dimension quasi métaphysique : la croyance que deux êtres peuvent se promettre une éternité.

Vouloir divorcer revient d’abord à affronter un paradoxe existentiel : Comment renoncer à ce que l’on a juré de tenir ? Comment assumer d’avoir cru à l’éternité alors que l’amour s’est épuisé ?

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La peur comme héritage

La psychanalyse a montré que toute rupture ravive en nous des blessures plus anciennes. Freud parlait du « retour du refoulé » : dans l’angoisse de divorcer, ce n’est pas seulement l’avenir qui inquiète, mais les fantômes du passé qui se réveillent. Quitter un conjoint, c’est parfois revivre inconsciemment la peur primitive d’abandonner un parent ou d’être abandonné par lui.

Winnicott soulignait combien l’enfant a besoin d’un environnement stable, prévisible, sécurisant. Le mariage, avec sa promesse de durée, vient répondre à cette nostalgie d’un foyer fiable, protecteur. Alors, songer à rompre, c’est se confronter à l’effondrement de cette illusion : la stabilité absolue n’existe pas.

La peur vient aussi des loyautés invisibles : nous restons parfois liés par devoir inconscient aux modèles familiaux ou religieux. « Dans ma famille, on ne divorce pas », « j’ai promis devant Dieu », « je dois tenir pour mes enfants ». Ce n’est pas seulement le lien conjugal qui pèse, mais tout un réseau de fidélités symboliques.

Le poids de l’engagement

Lacan affirmait que « l’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ». Derrière la provocation, il rappelait combien le couple est fragile, traversé par le manque, par le malentendu fondamental entre deux désirs. Vouloir divorcer, c’est parfois reconnaître que l’illusion d’un accord complet a volé en éclats.

Et pourtant, la religion elle-même, si elle sacralise le mariage, n’ignore pas l’impossibilité humaine de tenir toujours. Saint Augustin disait : « Aime, et fais ce que tu veux. » Or, que reste-t-il quand l’amour a disparu ? Peut-on encore invoquer un serment vide d’élan ? N’y a-t-il pas là une forme de mensonge spirituel, plus grave que la rupture elle-même ?

La peur du vide existentiel

La peur qui retient n’est pas seulement morale ou religieuse : elle est existentielle. Heidegger parlait de l’angoisse comme de la révélation du « rien ». Le divorce, en ce sens, ouvre brutalement à l’abîme : que vais-je devenir ? Qui serai-je sans ce couple, sans ce rôle, sans ce « nous » qui structurait mon identité ?

La peur devient terreur de l’inconnu. Elle prend la forme d’images concrètes : les soirées solitaires, les repas sans partage, le silence des chambres vides. Elle s’accompagne de doutes incessants : «Et si je regrettais ? Et si je ne retrouvais jamais personne ? Et si j’étais trop vieux, trop usé, trop abîmé ?» Le paradoxe, c’est que l’on sait déjà que l’amour n’est plus là, que l’intimité s’est tarie, que le couple n’est plus qu’une façade. Mais l’être humain préfère parfois la souffrance connue à la liberté incertaine.

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Le deuil nécessaire

Divorcer, c’est accomplir un double deuil.
Le deuil de l’autre, bien sûr, mais aussi le deuil d’un idéal. Le rêve du « pour toujours », la croyance au couple indestructible, l’image que l’on voulait donner au monde.
Et le deuil de soi, de celui ou celle que l’on fut au moment du mariage. On enterre l’homme ou la femme qui avait dit « oui », avec son enthousiasme, ses espoirs, sa candeur.

Nietzsche écrivait : « Il faut avoir du chaos en soi pour accoucher d’une étoile dansante. » Le divorce est ce chaos : une désorganisation qui peut paraître destructrice, mais qui contient la possibilité d’une renaissance.

La vérité contre le mensonge

Rester dans un mariage mort, c’est parfois plus violent que divorcer. C’est nier l’autre et se nier soi-même. Emmanuel Levinas parlait de la responsabilité éthique comme du respect de l’altérité de l’autre. Or, aimer par devoir, sans désir ni tendresse, n’est-ce pas une offense plus grave à la dignité de l’autre que d’avoir le courage de dire : « Je ne t’aime plus » ?

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La peur nous dit que le divorce est une trahison. Mais la trahison suprême n’est-elle pas de continuer à jouer la comédie d’un couple sans vie ?

Traverser la peur

On ne supprime pas la peur. Elle est le signe que l’on s’apprête à toucher à quelque chose de fondamental. Mais on peut la traverser, comme on traverse une nuit obscure. Elle devient alors un passage initiatique : l’épreuve qui transforme, qui dépouille, qui rend à soi-même.

Jung écrivait : « Ce que tu nies te soumet. Ce que tu acceptes te transforme. » Vouloir divorcer mais avoir peur, c’est précisément cela : tant qu’on nie la vérité intérieure, on reste prisonnier. Dès que l’on accepte la peur comme compagne, elle devient passage.

Les étapes du divorce

  1. Préparation psychologique
    • Reconnaître ses sentiments : fatigue affective, désaffection, perte de désir.
    • Se confronter à la peur : solitude, jugement social, culpabilité.
    • Accompagnement : coaching, psychanalyse, groupe de parole.
    • Objectif : sortir de l’inaction et clarifier sa volonté.
  2. Organisation financière
    • Cartographier ses biens et dettes : comptes, épargnes, crédits, revenus.
    • Établir un budget minimal : loyer, charges, alimentation, transport.
    • Prévoir le logement post-divorce : location, vente, achat.
    • Consulter un professionnel : avocat, notaire, conseiller financier.
    • Épargner dès maintenant pour constituer un filet de sécurité.
  3. Enfants et communication
    • Annoncer avec clarté : éviter la culpabilité et les détails conflictuels.
    • Ne laissez pas les enfants décider pour vous ou donner leur avis. Ecoutez les, comprenez les mais restez décisionnaire.
    • Choisir le bon moment : période stable pour les enfants.
    • Maintenir la sécurité affective : continuer à être fiable et disponible.
    • Éviter les conflits devant eux et ne jamais utiliser l’enfant comme messager.
  4. Processus légal et administratif
    Prendre rendez-vous avec un avocat pour connaître les droits et obligations.
    • Décider du type de divorce : amiable ou contentieux.
    • Préparer les documents : comptes, contrats, preuves financières.
  5. Transition et reconstruction
    • Planifier l’après : logement, vie sociale, activités personnelles.
    • Soutien psychologique continu pour éviter le retour dans un mariage mort par peur.
    • Réévaluer régulièrement son budget et son organisation familiale.

Conclusion : La peur est normale, mais elle n’est pas une fatalité

La décision de divorcer est l’une des plus terribles, car elle engage à la fois l’intime, le social, le spirituel. Elle confronte à la fidélité, au serment, à l’image que l’on voulait donner de soi, à l’angoisse du vide. Mais elle renvoie surtout à une question essentielle : suis-je encore fidèle à moi-même en restant ? La peur, alors, ne doit pas être un frein absolu, mais un indicateur.

Elle signale la gravité (le sérieux) du geste, mais elle ne doit pas condamner à l’immobilité. Derrière elle, il y a une vérité plus grande : la liberté d’être vrai. Peut-être, au fond, divorcer n’est pas « renier son serment », mais reconnaître que ce serment n’a de sens que s’il est habité d’amour.

Vous vous questionnez sur une éventuelle séparation ? Parlons en ensemble :

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