On parle souvent des personnes « narcissiques » comme s’il s’agissait d’un profil unique, à fuir sans hésiter. Le mot est devenu une étiquette commode pour désigner l’égoïsme, l’arrogance, l’incapacité à aimer. Pourtant, la réalité est bien plus complexe. Il existe un narcissisme normal, sain, structurant, et un narcissisme pathologique, source de souffrance pour celui qui le porte comme pour celui qui l’aime. Et surtout, ne confondez pas les personnes narcissiques ne sont souvent pas pervers narcissique.

Dans cet article, nous allons explorer en profondeur ce qu’est le narcissisme et comment il se manifeste dans les relations amoureuses.
Le narcissisme : une racine nécessaire pour aimer
Le mot vient du mythe de Narcisse, ce jeune homme qui, en tombant amoureux de son reflet, s’y noie. Freud s’en empare en 1914 pour désigner une composante essentielle de notre psychisme. Il distingue un narcissisme primaire, celui de l’enfant qui se vit comme le centre du monde, et un narcissisme secondaire, celui que nous reconstruisons à l’âge adulte pour maintenir notre estime de nous-mêmes.
Ce narcissisme n’est pas une pathologie : il est la racine même de l’amour-propre, de l’estime de nous. Sans lui, nous ne pourrions pas nous sentir dignes d’être aimés. Comme l’écrit André Green : « le narcissisme de vie est ce qui permet à l’individu de se sentir exister pour lui-même avant de pouvoir exister pour l’autre ».
« Dans une relation amoureuse, un narcissisme sain se traduit par la capacité à exprimer ses besoins, à poser des limites, à recevoir un compliment sans s’y perdre et surtout ne jamais se sentir mieux ou supérieur aux autres. Il est le socle sur lequel se bâtit l’amour de soi, l’estime de soi — et donc l’amour de l’autre. »
Agnès Love Coach
Quand l’amour de soi se fissure : le narcissisme blessé
Mais parfois, ce socle est fragilisé très tôt. Comme l’a montré Heinz Kohut, une faille narcissique se forme le plus souvent dans l’enfance, quand l’enfant n’a pas été suffisamment reconnu ou valorisé. Il grandit alors avec une soif insatiable de validation. Son estime de soi dépend entièrement du regard extérieur. Souvent inconsciemment.
Ce besoin d’admiration permanente se retrouve dans ses relations amoureuses : il réclame sans cesse des preuves d’amour, dramatise la moindre critique, se sent diminué si l’autre ne l’idéalise pas. Derrière la façade de confiance se cache une peur immense : celle de ne pas être aimé.
Exemple en couple : Vous félicitez votre partenaire pour sa réussite professionnelle : « Bravo mon chéri »
• Un narcissique sain répond : « Merci, ça me fait plaisir que tu le remarques. »
• Un narcissique blessé rétorque : « Tu pourrais être plus enthousiaste ! »
Ce n’est pas de l’arrogance pure, c’est une faille qui réclame sans fin d’être comblée.
Narcissique ordinaire ou narcissique pathologique : la différence qui change tout
Il est crucial de distinguer un narcissique ordinaire d’un narcissique pathologique.
Le narcissique ordinaire a besoin de reconnaissance, mais il sait aussi reconnaître l’autre. Il peut écouter, s’excuser, évoluer.
Le narcissique pathologique ne vit qu’à travers le miroir de l’autre. L’autre n’existe que pour refléter son image. Il ne supporte ni la contradiction ni la frustration. Il minimise vos réussites ou pointe vos failles ou transforme vos besoins en caprices. La relation devient vite unidirectionnelle : vous donnez, il prend. Lui, ne donne que pour recevoir. Il manipule. Et le pire, c’est qu’il ne le reconnait jamais, il préfère retourner la situation pour ne pas tâcher son vernis. C’est toujours la faute de l’autre. Il simule l’empathie.
Narcissique ou pervers narcissique : ne pas tout confondre
Une autre confusion fréquente consiste à assimiler toute personne narcissique à un pervers narcissique.
- Le narcissique pathologique souffre, même s’il ne le montre pas. Il a besoin d’admiration, mais ne cherche pas nécessairement à vous détruire. Il est narcissique mais pas « pervers » narcissique. Il s’est juste construit une image idéalisée de lui même pour obtenir admiration et reconnaissance. (ce qui lui donne l’illusion d’être aimé)
- Le pervers narcissique, concept développé notamment par Paul-Claude Racamier, fonctionne sur une autre logique : il manipule, culpabilise, isole, détruit l’estime de l’autre pour mieux régner sur lui.
Dans une dispute ou un conflit, un narcissique blessé niera ses torts. Il trouvera des arguments pour se justifier et se défendre et ainsi garder le contrôle dans la relation.
Agnès Love Coach
(Un pervers narcissique, lui, renversera totalement la situation : il fera de vous le responsable de ses excès, sèmera le doute sur votre perception, et vous fera douter de votre propre réalité.C’est une distinction essentielle : on peut parfois construire avec un narcissique blessé ; on ne construit jamais avec un pervers narcissique.)
Quand le miroir devient prison : notre époque hyper-narcissique
Si ces profils semblent plus présents aujourd’hui, c’est aussi parce que notre époque les amplifie. Nous vivons dans une société où l’image prime sur l’être. Comme l’a montré Christopher Lasch dans La culture du narcissisme, nous sommes devenus dépendants du regard de l’autre pour valider notre existence.
Les réseaux sociaux accentuent cette dépendance au narcissisme : chaque “like” devient une micro-dose d’estime de soi. Nous ne cherchons plus seulement à être aimés, mais à être vus, admirés, enviés. Cette logique du miroir permanent alimente les fragilités narcissiques et transforme les relations amoureuses. Le couple n’est plus seulement un espace d’intimité, il devient parfois une scène. L’amour n’est plus toujours un lien, il devient un moyen de se valoriser à travers le regard de l’autre.
Agnès Love Coach
Certains narcissiques affirment ne pas avoir besoin de ces likes sur leurs publications où pourtant ils ne se montrent qu’à leur avantage.
L’explication ? Ils n’acceptent tout simplement pas de reconnaitre qu’ils ont un besoin vital que les autres les valide : ils refusent qu’on « voit » (et surtout de voir eux-même) leur faille narcissique (ils ne faut pas de tâches sur leur vernis). Pourtant reconnaitre cela est la seule manière pour que ces personnes commencent à s’aimer elles même de la bonne manière.
Ce n’est que lorsqu’une personne narcissique reconnaitra avec humilité sa faille narcissique, qu’elle pourra commencer à aimer réellement et sainement les autres. Pas avant.
Agnès Love Coach
Vivre avec un narcissique : ce qui est possible et ce qui ne l’est pas
Aimer une personne narcissique n’est pas en soi une erreur. Mais cela devient destructeur si vous pensez pouvoir la « réparer ». Vous ne comblerez jamais la faille d’un autre. Elle n’a pas été créée par vous, et vous ne la guérirez pas par votre amour.
Ce que vous pouvez faire, en revanche, c’est refuser de la nourrir :
- Ne pas céder à l’exigence d’admiration constante.
- Poser des limites claires face aux critiques injustes.
- Refuser de vous excuser d’exister.
- Préserver votre propre identité et vos besoins.
Il arrive qu’un narcissique blessé, confronté avec bienveillance mais fermeté à la réalité, engage un véritable travail sur lui-même. Ce n’est pas rapide, mais c’est possible. Dans ce cas, la relation peut devenir un espace de croissance réciproque.
Si vous vivez ce type de relation et ne savez plus si elle est “sauvable” ou destructrice, il est précieux d’en parler. Un échange permet souvent de faire la part entre ce qui relève d’une faille réparable… et ce qui ne changera jamais.
Quand l’amour devient effacement : savoir partir
Il existe une ligne rouge à ne jamais franchir : celle où votre existence se réduit à valider celle de l’autre. Si vous n’osez plus penser, dire ou ressentir sans craindre de blesser ; si vous avez l’impression d’exister uniquement dans son regard, alors ce n’est plus de l’amour. C’est une aliénation.
Agnès Love Coach
Une relation saine repose sur la réciprocité : deux sujets qui se reconnaissent, se respectent et s’enrichissent mutuellement. Le narcissisme pathologique, lui, efface cette réciprocité. Vous n’êtes plus sujet : vous redevenez miroir. Et nul ne peut vivre indéfiniment dans le reflet d’un autre.
Ce que le narcissisme de votre partenaire dit de vous
Se confronter au narcissisme de l’autre, c’est aussi l’occasion d’explorer ses propres blessures. Pourquoi restez-vous ? Qu’espérez-vous réparer ? Qu’est-ce que cette relation réveille de votre histoire ?
Les narcissiques attirent souvent des personnes profondément empathiques, généreuses, qui ont elles-mêmes manqué d’amour ou de reconnaissance. Aimer un narcissique peut devenir une répétition inconsciente : tenter de guérir, chez lui, ce qu’on n’a pas su guérir en soi.
Comprendre cela est souvent le début d’une libération. Parce que c’est en se reconnaissant soi-même qu’on cesse d’accepter l’inacceptable.
Mission impossible… ou mission de lucidité ?
Alors, aimer un narcissique : mission impossible ? Pas toujours. Mais ce n’est jamais un chemin facile. Il demande de la lucidité, de la patience, une grande solidité intérieure. Il exige de ne pas confondre amour et réparation, lien et miroir. Il suppose d’accepter que vous ne changerez pas l’autre — mais que vous pouvez choisir comment vous positionner.
Si la personne est consciente de sa faille, ouverte à l’évolution, et si vous savez poser vos limites sans vous renier, une relation est possible. Sinon, il faut parfois avoir le courage de partir, non par manque d’amour, mais par amour de vous-même.
« Le couple n’est pas l’addition de deux manques, mais la rencontre de deux subjectivités capables de supporter leur propre incomplétude. »
André Green
Conclusion
Aimer un narcissique n’est pas une fatalité. Mais cela exige de savoir qui vous êtes, ce que vous valez, et ce que vous êtes prêt(e) à accepter. C’est cette lucidité qui transforme une relation impossible en chemin de croissance — ou qui vous donne la force d’en sortir.
Vous aimez une personne narcissique et vous vous sentez perdu.e ? Je comprends car chaque relation et situation est unique alors seul.e on a du mal à y voir clair. Mais je peux vous aider et vous donner mes conseils. Prenons vite rendez-vous :