Comment éviter la violence dans le couple ? J’ai beaucoup de femmes (mais quelques hommes aussi) qui subissent dans leur couple de la violence physique ou psychologique. (plus couramment appelée : « relation toxique » ). Si vous êtes vous aussi victime de ce mécanisme mortifère dans votre couple et ne savez comment l’éviter – dans ce long mais complet article – je vous explique ce qui se joue et je vais vous donner un outil de « travail avec vous-même » pour vous aider à débusquer vos jeux de pouvoir et ceux des autres et tenter sauver votre couple.
(ATTENTION / Vous pouvez vous servir de cet outil pour faire votre bonheur comme votre malheur. Si vous vous en servez dans l’unique but de vous comprendre pour vous améliorer il peut devenir pour vous une aide précieuse… mais si vous le retournez contre vous, il ne fera que générer – à l’intérieur de vous – encore davantage de mauvaise conscience et de culpabilité. La lecture de cet article n’est donc pas vraiment conseillée aux personnes trop dépressives ou trop angoissées parce qu’elles risqueraient de l’utiliser contre elles.)
VICTIME/ Nous avons tous eu vécu dans notre passé des événements qui nous « offrent » de bonnes raisons de nous comporter en Victimes. Alors que nous demandions quelque chose à notre mère (ou autre proche) et que celle-ci nous le refusait, il a pu nous apparaître « avantageux » de nous plaindre afin de l’obtenir. C’est ainsi que la plupart d’entre nous avons trop rapidement conclu que de devenir la victime de l’autre nous permettait d’obtenir ce que nous ne savions pas obtenir autrement… en oubliant d’en considérer les aspects morbides.
SAUVEUR/ Nous avons également appris qu’en faisant plaisir aux autres, en leur rendant service ou en nous soumettant à leur autorité, nous attirions leur reconnaissance, c’est ainsi que nous nous sommes inconsciemment appréciés dans un rôle de Sauveur qui nous rapportait… en oubliant d’en considérer les effets secondaires délétères.
PERSECUTEUR/ Quand, alors embourbés dans les complications émotionnelles et relationnelles de nos schémas de victimes et de sauveurs, il nous arrivait de ne plus en pouvoir – suffoquant d’injustice – nous basculions dans l’amertume et le ressentiment et espérions nous en sortir grâce au rôle de Persécuteur… en oubliant d’en considérer les effets pervers en retour :
C’est ainsi que les trois rôles sont intimement liés et forment ce triangle relationnel dramatique faisant revenir régulièrement la violence dans nos relations amoureuses (ou relations proches, amicales, professionnelle familiale etc…) :
Une personne ne se cantonnera pas à entrer dans le rôle du Sauveur, de la Victime ou du Persécuteur mais sera les trois à la fois à des moments différents, selon les situations différentes, car une fois entré dans le « triangle dramatique » (ainsi nommé par le psychothérapeute Stephen Karpman), on adopte tôt ou tard et obligatoirement… les autres positions.
Êtes vous, malgré vous, plutôt sauveur, victime, ou persécuteur ?
Répondez par oui ou par non aux 18 questions suivantes très honnêtement :
Le sauveur / sauveuse
- Vous arrive-t-il de venir en aide à des personnes qui ne vous ont pas clairement exprimé qu’elles avaient besoin de vous ? Si vous avez répondu oui, c’est sans doute parce que vous pensez qu’il n’y a pas besoin que les autres vous demandent de l’aide pour leur rendre service, ce qui est conforme à la manière de voir du Sauveur.
- Vous sentez-vous coupable, fautif et mal à l’aise lorsque quelqu’un de votre entourage éprouve des difficultés et se sent malheureux ? Si vous avez répondu oui, sans doute estimez-vous que vous n’avez pas le droit d’être heureux quand les autres ne le sont pas. En cela vous pensez comme un Sauveur.
- Vous sentez-vous quelquefois en colère parce que vous êtes convaincu que l’autre irait beaucoup mieux s’il suivait vos directives ? Si vous avez répondu oui, sans doute avez-vous une tendance narcissique à penser que vous détenez la vérité pour les autres. En ce sens vous vous présentez aux autres comme un Sauveur.
- Vous arrive-t-il de vous sentir exploité dans votre travail et d’avoir l’impression que vous n’êtes pas apprécié malgré tout ce que vous faites pour aider les autres ? Si vous avez répondu oui, sans doute vous forcez-vous à en faire un maximum, plus que ce qui vous est demandé parce que vous vous dites que c’est une chance pour vos supérieurs hiérarchiques qu’il existe des personnes comme vous. En cela vous vous pensez comme un Sauveur.
La Victime
- Vous arrive-t-il d’accuser les autres d’être à l’origine de vos problèmes ? Quand il devient plus simple de penser (parce que ça nous met à l’abri de toute prise de responsabilité que nous jugerions comme culpabilisante) que les autres sont à l’origine de nos problèmes. Nous nous identifions à la Victime.
- Vous arrive-t-il de vous diminuer ou de vous dénigrer aux yeux des autres ? S’identifier à la Victime, c’est aussi – par manque de confiance en soi – se dénigrer soi-même aux yeux des autres.
- Vous arrive-t-il de vous plaindre de vos difficultés sans agir ? Pratiquer l’inhibition de l’action empêche de tenter de résoudre ses propres problèmes et contraint à coup sûr à la position de Victime.
- Vous arrive-t-il – plutôt que d’agir de manière autonome – d’attendre que les autres vous « sauvent » ? Encore une autre manifestation de l’inhibition de l’action propre à la Victime que celle d’attendre ou d’espérer de l’aide plutôt que de se prendre en charge soi-même en se sentant responsable de soi-même.
- Vous arrive-t-il d’accorder plus d’importance à la manière dont les autres vous perçoivent qu’à la manière dont vous vous percevez ? Parce qu’elle n’a pas confiance en elle, la Victime accorde plus d’importance au regard des autres qu’à sa propre manière de percevoir et de penser.
- Vous arrive-t-il de quémander – d’une manière ou d’une autre – l’attention des autres ? incapable de s’ouvrir à sa propre dignité, la victime cherche à obtenir des miettes de reconnaissance des autres
- Vous arrive-t-il de critiquer les autres parce que ce qu’ils font ne correspond pas à vos attentes ? La Victime se prend pour le centre du monde et critique en s’en plaignant ceux qui ne pensent pas ou n’agissent pas comme elle.
- Vous arrive-t-il de vous mettre en danger pour obtenir l’attention des autres ? Qu’est-ce que la Victime ne serait pas prête à faire pour plaire !
- Vous arrive-t-il de céder au chantage affectif ? Parce qu’elle a peur de ne pas obtenir ce qu’elle désire, la Victime rend par exemple service, alors que ça lui coûte, pour se faire bien voir, quitte à s’en plaindre plus tard.
Le/la persécuteur
- Sentez-vous parfois le besoin d’humilier certaines personnes de votre entourage ? La domination par l’humiliation procure une secrète jouissance au Persécuteur.
- Vous arrive-t-il de faire agir vos amis, parents ou collègues, de manière à obtenir ce dont vous avez besoin, plutôt que de leur faire une demande claire ? Le Persécuteur ne peut pas envisager de « parler vrai » parce qu’il en a peur, ainsi il préfère manipuler pour obtenir ce qu’il désire et s’apparente ainsi au pervers.
- Etes-vous colérique ? Le Persécuteur ne croyant qu’au rapport de force tente de dominer par la colère pour obtenir ce qu’il veut des autres.
- Vous a-t-on déjà reproché d’être sévère ? de dominer ? d’avoir « toujours » raison ? Le Persécuteur s’emploie avec force (voix, regard…) à avoir le dernier mot, à ne pas admettre la contradiction.
- Faites-vous du chantage affectif ? Tentez-vous de séduire l’autre pour obtenir ce que vous voulez de lui ? Autres modes de communication – plus pernicieux – pour tenter de dominer
Calculez votre résultat :
Plus vous avez répondu de « Oui » (deux questions ou plus par catégorie Sauveur, Victime, Persécuteur), vous adoptez plus ou moins des jeux de pouvoir à l’égard de votre entourage.
Comment sortir du rôle de sauveur ?
Pour sortir de ce mauvais rôle de Sauveur, tentez de répondre honnêtement aux questions suivantes :
1) Qu’espérez-vous obtenir en jouant au bon samaritain ?
2) Et si vous commenciez par oser vous dire honnêtement à vous-même vos propres besoins ?
Comment sortir du rôle de victime ?
Pour sortir de ce mauvais rôle de Victime, tentez de répondre honnêtement aux questions suivantes :
1) Qu’est-ce qui vous pousse à croire que vous ne pouvez rien faire d’autre que de subir des Sauveurs et des Persécuteurs ?
2) De quoi avez-vous peur ? Pourquoi avez-vous ainsi tendance à vous justifier ?
3) Croyez-vous vraiment qu’il soit possible de s’épanouir dans la plainte ?
4) Que se passerait-il pour vous si vous osiez énoncer clairement vos limites ?
Comment sortir du rôle de persécuteur ?
Pour sortir de ce mauvais rôle de Persécuteur, tentez de répondre honnêtement aux questions suivantes :
1) Votre propension à la domination cache un besoin, pouvez-vous l’exprimer clairement ?
2) Qu’est-ce qui est si douloureux pour vous dans le fait d’avoir un problème et d’en convenir ?
3) Etes-vous certain(e) que le jeu de Persécuteur ne se retourne pas contre vous ?
Après avoir répondu à ces questionnaires, sans doute êtes-vous maintenant convaincu que la grande majorité d’entre nous joue des rôles Sauveur.Victime.Persécuteur. Pourtant ces rôles nous mettent en porte-à-faux vis-à-vis de nous-mêmes comme vis-à-vis des autres, ils nous usent et nous mènent au burn-out. Ils peuvent également être des obstacles qui nous empêcheront d’aider les personnes qui ont légitimement besoin d’aide et le demandent.
Agnès Love Coach
Caractéristiques de chaque rôle (et ce que ça cache)
LE SAUVEUR
Déguisé en conseiller, en justicier ou en protecteur, il croit que le monde a besoin de lui et cherche à aider alors même que l’autre ne demande rien, il place donc l’autre en incapacité. Il souffre de la souffrance de l’autre (parce qu’il s’identifie à lui), il le prend en pitié en lui apportant une aide inefficace (alors même qu’il agit avec une bonne intention) parce qu’il prend garde de ne pas vérifier le désir réel de l’autre. Son but inconscient est d’entretenir la Victime dans son rôle afin de rester dans le sien dans lequel il se sent briller. En faisant « à la place » de l’autre, il crée donc de la passivité et de la dépendance pour se faire du bien. Mais souvent il s’épuise, finit par s’irriter et se transforme en Persécuteur… victime de l’agressivité de la Victime-Persécutrice.
Son problème caché : Il tente de recevoir quelques miettes de reconnaissance parce qu’il en manque… mais il a peur de faire de la peine en imposant des limites. Il accumule donc les rancœurs, culpabilise et ne sait pas ne pas en faire trop et s’épuiser en pure perte.
LA VICTIME
Le rôle de Victime (parce qu’il attire l’attention sur lui) est très prisé, on se l’arrache car il apporte des bénéfices secondaires de reconnaissance. Parce qu’elle ne veut pas de l’aide qu’elle demande (qui lui ferait abandonner son rôle), la Victime s’arrange pour se plaindre auprès de personnes qui, le plus souvent (bien sûr), n’ont pas la compétence pour l’aider. Ainsi elle apitoie (le Sauveur), et attire inconsciemment la brimade et les critiques (du Persécuteur).
Son problème caché : La Victime a honte et manque de confiance en elle. Elle a peur d’exister par elle-même, de s’affirmer et accumule ainsi les rancunes. Elle a aussi souvent peur de manquer, de perdre, d’échouer ou d’être abandonnée. Pleurs, incrédulité, révolte, rancœurs sont ses modes d’expression.
LE PERSECUTEUR
Parce qu’il cherche à se libérer de ses pulsions, il fait preuve de colère, de sévérité, d’agressivité. Il attaque, infériorise, ordonne, dévalorise, critique, fait la morale et provoque la rancune des autres en triomphant. Il s’arrange pour ridiculiser, ironiser et attaquer la Victime ou le Sauveur « par en dessous » en les culpabilisant s’il le peut.
Son problème caché : Il craint essentiellement de montrer sa vulnérabilité et sa frustration, il tient à ce que les autres pensent qu’il n’a pas de problème, qu’il est fort. Il cherche donc à dominer l’autre et pense en termes de rapport de force, puisqu’il vit dans la peur secrète d’être démasqué. Il cherche donc inconsciemment à se venger de sa frustration, en passant dès que possible du statut de victime à celui de bourreau.
Comment sortir de ces rôles sauveur victime persécuteur et ne pas y entrer ?
Pour détecter notre entrée dans le « triangle dramatique », il faut :
Comprendre pourquoi nous avons besoin d’y entrer :
Guy Corneau(2) nous explique : « Nos rôles reposent sur des besoins frustrés qui sont eux-mêmes articulés sur des blessures (…) Ces blessures viennent du passé : elles ont été infligées par des événements qui ont dû se répéter puisqu’il y a eu formation d’un programme inconscient. »
Parce que le passé non résolu continue de vibrer à l’intérieur de nous, nous attirons involontairement ce que nous ne voulons pas.
Comprendre comment nous nous y prenons pour y entrer :
Pour survivre à l’intolérable, nous nous identifions à l’un de ces trois rôles, c’est-à-dire que nous devenons dupes de la nature de la réaction intérieure qui nous anime.
Seule notre capacité à poser un regard lucide sur nous-même peut nous permettre de sortir de cette mécanicité qui nous rend esclave de nos blessures anciennes. Car c’est en reconnaissant les origines de nos comportements… que nous pourrons agir dessus.
Pour sortir du « triangle dramatique » dans la pratique d’une relation d’aide à soi-même :
1) Trouvez une situation à la fois problématique et répétitive qui entraîne pour vous un vécu difficile.
2) Notez les gratifications inconscientes qui sont attachées à vos comportements (bénéfices cachés donc « non avoués » de vos comportements compulsifs et contraignants de Sauveur, Victime et/ou Persécuteur.)
3) Trouvez comment vous pourriez échanger ces récompenses contre d’autres réellement gratifiantes.
Conclusion
« Celui ou celle qui a un penchant pour le rôle du sauveur devrait s’entraîner à répondre ceci aux Victimes qui croisent sa route – après les avoir écoutées avec respect et compassion :
« Mais c’est terrible ce qui t’arrive ! Qu’est-ce que tu penses faire, dans la situation ? » Il renvoie ainsi la Victime à sa responsabilité. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne l’aidera pas, à condition que celle-ci formule une demande claire. La faiblesse du sauveur.se vient de ce qu’il se précipite au-devant de la Victime en disant : « Mon Dieu ! C’est terrible ce qui t’arrive… Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » – quand il prend la situation en charge sans même attendre la réponse, c’est ça qui trahit son problème personnel. »
Pour sortir de ces jeux maléfiques, il nous faut avoir le courage de ne plus nous mentir à nous- mêmes, donc de ne plus nous justifier à nos propres yeux par des excuses qui ne servent qu’à nous entretenir dans l’inconscience la plus totale des jeux que nous menons avec nous-mêmes et les autres.
Ne serait-il pas plus simple et moins épuisant pour nous dans nos relations – avec nous-mêmes et les autres – de prendre le risque de notre vérité, en partageant, quand nous l’estimons nécessaire, nos sentiments et ce que nous pensons ?
Car oser être soi-même c’est se souvenir que puisque chacun est différent, il ne nous est pas possible de ne pas être parfois la cause indirecte des problèmes et des difficultés des autres.
Pour aller plus loin vous pouvez lire :
- Thomas d’Assembourg : « Cessez d’être gentil, soyez vrai »
- Guy Corneau, « Victime des autres, bourreau de soi-même », Éditions Robert Laffont, 2003.
Si vous êtes victime de violence physique ou psychologique. J’analyserai avec vous votre situation et vosu donnerai les conseils personnalisés pour vous sortir de cette situation mortifère.