Quand le couple va mal, faut-il « tenir bon » pour préserver les enfants ou se séparer au risque de les perturber ?
Protéger les enfants ou se séparer ?
1 couple sur 3 se sépare en France. Pourtant, beaucoup de couples décident de rester ensemble malgré une nette mésentente. Ces derniers justifient leur décision ainsi : protéger les enfants du traumatisme d’une séparation. Pourtant, le plus souvent, cette réponse est un faux prétexte utilisé pour cacher les vraies raisons de cette décision.
Isabelle : « J’étais bien consciente qu’il n’y avait pas d’avenir de couple possible entre mon compagnon et moi-même, mais je n’arrivais pas à prendre la décision de le quitter. Notre fille Marie idéalisait son papa. J’avais peur de briser sa vie. J’avais l’impression qu’elle ne pourrait pas supporter notre divorce. Finalement, la séparation s’est bien passé. J’ai pris du recul depuis : Je réalise que je projetais sur ma fille Marie ma propre peur de la séparation, ma peur de me retrouver seule, être autonome et m’assumer en tant que femme indépendante. Sans doute quelque chose dans mon enfance non résolu ? »
Les disputes des parents sont un gros poids pour les enfants
Sans sous-estimer la souffrance que représente pour les enfants la séparation des parents, rester ensemble alors que rien ne va plus peut se révéler en réalité, bien plus traumatisant pour eux, surtout quand les parents se disputent devant eux ou sont tristes. N’oublions pas que les enfants même bébé sont des éponges émotionnelles.
Lisa : « Mes parents se sont toujours disputés. Pour ne pas envenimer la situation et l’ambiance, je travaillais très bien à l’école, je ne faisais jamais de bêtises, j’étais calme. J’ai toujours été une petite fille soucieuse, car je me sentais responsable de mes parents, je voyais bien qu’ils étaient malheureux pourtant ils n’ont jamais divorcé ! Une fois plus grande, vers 18 ans, je suis partie terminer mes études à New York pour fuir cette situation. Aujourd’hui adulte, j’ai beaucoup de mal à construire une vie de couple harmonieuse et je n’ai pas envie d’enfants »
Les enfants se sentent responsables
Les psys s’accordent : en cas de mésentente, il est très important de respecter quelques règles, que l’on choisisse de rester ensemble ou de se séparer :
Les enfants n’ont pas le recul nécessaire pour analyser ce qui se passe : Lorsqu’il y a un dispute entre les parents, les jeunes enfants pensent que c’est leur faute : il est primordial de les rassurer sur votre amour et leur non responsabilité. L’enfant ado, lui, se sentira souvent solidaire du parent qui lui paraîtra le plus fragile. L’enfant doit garder sa place d’enfant. Sa place fait qu’il n’intervient pas dans la relation entre les parents et les décisions qu’ils prennent. Son besoin est de sentir que son père et sa mère sont heureux et que cela ne dépend pas de lui. Quand les parents vont bien, les enfants vont bien !
Heureusement, certains couples parviennent à trouver un équilibre, font des compromis et se respectent mutuellement, même s’il n’y a plus d’amour entre eux. C’est une situation mieux supportable, mais cela donne aux enfants une image faussée et peu réjouissante de la vie à deux… (un enfant reproduira inconsciemment le plus souvent ce qu’il a vu étant enfant) A tout âge – les enfants ont besoin en priorité d’avoir des parents qui les aiment… et qui s’aiment !
Les faux-semblants entérinent le mensonge
Lorsque un couple reste ensemble sans amour et/ou dans l’indifférence, l’enfant s’habitue à une situation fausse, perverse. Il n’y a pas de vérité, ni de transparence ni d’authenticité. Cela habitue, valide et encourage le mensonge et cela crée alors une famille sans lien où chacun vit sa vie (souvent d’ailleurs avec relations extra-conjugales).
S’autoriser des relations extraconjugales, est-ce une solution quand on décide de rester ensemble sans amour ?
C’est très néfaste de vivre dans la frustration. Si les besoins affectifs et sexuels ne sont pas satisfaits (ou sublimés – par exemple, dans la création ou le travail – l’insatisfaction risque de s’exprimer par de la dépression, une dépendance à l’alcool ou aux drogues. ou encore à l’infidélité dans une relation extraconjugale qui peut contribuer c’est vrai à l’équilibre de chacun. Seulement, pour l’enfant, apprendre que papa ou/et maman mènent une double vie est difficile (que ce soit clairement exprimé ou non). Ce n’est pas un bon modèle d’identification et cela n’aidera pas l’enfant à avoir plus tard des relations de confiance. Il risque de ne jamais réussir à s’engager, ni à croire en l’amour, ni mener une vie de couple épanouissante…
Le mythe de l’amour parfait et durable est tenace…
La difficulté de se séparer s’explique le plus souvent par un manque d’autonomie affective d’un des deux partenaires ou des deux. Ou encore par un manque d’autonomie matérielle : la dépendance financière des générations précédentes n’a pas encore disparu ni la peur de se retrouver tout seul ! Les peurs, traumas, blessures, éducation différente, enfance ou passé amoureux pèsent beaucoup aussi sur la décision.
Certaines personnes ont une image très traditionnelle de la famille ou viennent de structures familiales où l’on ne divorce pas. Il est alors très difficile de franchir le pas. D’autres, au contraire, ont mal vécu le divorce de leurs parents et ne veulent pas infliger la même expérience à leurs enfants…
L’avis du Dr D.Vallée, thérapeute familial à Paris
« Même lorsque les parents essaient de cacher leur conflit, les enfants le sentent. Lorsque l’un des parents entretient une relation extraconjugale, ils le devinent… Ils testent en permanence la solidité du lien entre leurs parents et ils font tout pour qu’ils restent ou se remettent ensemble, pour préserver leur idéal, leur rêve de « famille Ricoré ».
À partir de l’adolescence, ils sont plus autonomes et peuvent soutenir la séparation de leurs parents.
Conclusion : Partir ou rester, il n’y a pas de recette. Mais le plus important pour les enfants, c’est que les parents soient en cohérence entre ce qu’ils ressentent, ce qu’ils disent et ce qu’ils font.
Vous ou votre partenaire parle rupture mais vous pensez à vos enfants et ne savez pas quelle décision prendre ? Je peux vous aider à y voir plus clair pour que vous puissiez choisir la solution la meilleure pour vous.
