L’érotomanie (ou syndrome de Clérambault) est un trouble psychologique complexe qui se manifeste par la conviction délirante qu’une autre personne (parfois un.e ex), mais le plus souvent socialement inaccessible (comme une célébrité, un supérieur hiérarchique ou un professionnel de santé), est secrètement amoureuse de soi. Cette conviction est généralement infondée et persistante, malgré l’absence de preuves concrètes ou même en dépit de démentis clairs de la part de la personne supposée amoureuse.

L’érotomanie : une illusion amoureuse pathologique
L’érotomanie a été décrite pour la première fois par le psychiatre français Gaëtan Gatian de Clérambault au début du XXe siècle. Il l’a définie comme un délire passionnel dans lequel une personne est persuadée d’être aimée, le plus souvent par une figure de pouvoir ou une personnalité publique.
Ce trouble se décompose en trois phases principales :
- Phase d’espoir : La personne croit que l’autre lui envoie des signes cachés d’amour (regards, gestes, paroles interprétées comme des messages codés).
- Phase de dépit : Lorsqu’elle se rend compte que la personne supposée amoureuse ne répond pas à ses avances, elle peut ressentir de la déception, voire de la colère.
- Phase de rancune : La personne peut devenir hostile, agressive ou harcelante face au rejet, allant parfois jusqu’à des comportements obsessionnels.
Quand l’érotomanie mène au harcèlement amoureux
Dans certains cas, l’érotomanie peut entraîner une forme de harcèlement amoureux. La personne convaincue d’être aimée peut :
- Envoyer des messages répétés, parfois plusieurs fois par jour.
- Suivre la personne dans la rue ou sur les réseaux sociaux (stalking).
- Se montrer jalouse ou possessive à l’égard de la vie privée de l’autre.
- Tenter d’entrer en contact directement, par le biais d’appels, de lettres ou en se présentant physiquement sur le lieu de travail ou au domicile.
Ce harcèlement est souvent vécu comme une forme d’invasion par la victime, qui peut se sentir traquée, oppressée et menacée. La personne érotomane, quant à elle, est généralement incapable de comprendre le rejet, car son délire est si ancré qu’elle pense que le silence ou l’indifférence est une forme d’encouragement ou une preuve d’amour caché.
ATTENTION/ Ne confondez pas érotomanie et harcèlement d’un.e romantique passionné.e, dépendant affectif ou pervers narcissique.
Lire aussi : Tout sur la perversion narcissique. Prenons rendez-vous avant de faire des diagnostics erronés et trop rapides.
Un trouble souvent lié à une insécurité affective
L’érotomanie est souvent associée à une blessure narcissique ou à un manque de validation affective dans l’enfance. La personne souffrant de ce trouble peut avoir grandi dans un environnement où l’amour était conditionnel ou inexistant, créant une soif intense de reconnaissance. L’objet de son délire amoureux devient alors une sorte de réponse à ce besoin non comblé d’amour et de valorisation.
Dans certains cas, l’érotomanie est liée à d’autres troubles psychiatriques, comme :
- La schizophrénie.
- Les troubles bipolaires (en phase maniaque).
- Les troubles de la personnalité (notamment la personnalité narcissique ou borderline).
Quand le harcèlement amoureux devient dangereux
ATTENTION/ Certaines formes d’érotomanie peuvent dégénérer en comportements violents, surtout lorsque la personne se sent rejetée ou humiliée. Les cas de harcèlement répété peuvent parfois aboutir à des agressions physiques, voire à des actes criminels dans des cas extrêmes. Protégez vous et prévenez la police rapidement en appelant le 17 si vous vous sentez menacé.e.
Exemple concret :
Une femme persuadée que son collègue de travail est amoureux d’elle commence par lui envoyer des messages flatteurs, puis devient de plus en plus insistante. Lorsqu’il lui demande d’arrêter, elle interprète cela comme une preuve de son attachement secret. Progressivement, elle commence à l’attendre à la sortie de son travail, à surveiller son emploi du temps, et à lui envoyer des messages menaçants lorsqu’il s’éloigne d’elle.
Comment peut-être aidée une personne érotomane ?
L’érotomanie nécessite une prise en charge psychologique, souvent sous forme de thérapie comportementale et cognitive (TCC) pour :
- Travailler sur la perception de la réalité et les croyances erronées.
- Renforcer l’estime de soi et le sentiment de sécurité intérieure.
- Apprendre à gérer le rejet et la frustration.
Un traitement médicamenteux peut également être nécessaire dans les cas les plus graves, notamment en cas de schizophrénie sous-jacente ou de trouble bipolaire.
Vous êtes victime de harcèlement par une personne érotomane ?
II est crucial de poser des limites claires et fermes :
- Ne jamais répondre ou chercher à raisonner la personne érotomane
- Porter plainte en cas de harcèlement répété
- Demander une ordonnance de protection si le comportement devient menaçant.
Si vous êtes harcelé.e par une personne, je peux vous aider à analyser la situation et vous conseiller. N’attendez pas !
A retenir de l’érotomanie
L’érotomanie est un trouble psychologique profond qui plonge la personne dans une illusion d’amour réciproque. Lorsqu’elle se manifeste sous forme de harcèlement amoureux, elle peut avoir des conséquences graves pour la victime, allant de la peur constante à un sentiment d’insécurité permanent. Une prise en charge adaptée et une intervention rapide sont essentielles pour protéger la victime et permettre à la personne souffrant d’érotomanie de sortir de son délire amoureux.