« S’aimer soi-même » : l’expression est devenue un mantra du développement personnel, au point parfois de perdre son sens profond. Derrière la formule, il y a pourtant une question essentielle, à la fois intime et universelle : pourquoi tant de personnes peinent-elles à s’aimer, et comment construire un rapport plus doux et plus juste avec soi ?

Pourquoi ne s’aime-t-on pas ?
- L’éducation et le regard parental constituent la première matrice de notre rapport à nous-mêmes. Un enfant à qui l’on transmet l’idée qu’il doit « mériter » l’amour par la performance ou la conformité développera une image de soi fragile, conditionnelle. À l’inverse, un enfant reconnu dans sa singularité, encouragé dans ses élans, aura plus de facilité à se sentir légitime. Mais rares sont ceux qui échappent totalement à des messages plus ou moins explicites de dévalorisation.
- La comparaison sociale s’ajoute très tôt à cette base. Dès l’école, l’enfant mesure sa valeur à travers des notes, des classements, des standards implicites. Plus tard, les réseaux sociaux intensifient ce mécanisme : les existences filtrées et idéalisées qui défilent sur nos écrans imposent des modèles inatteignables, creusant l’écart entre l’être et l’image de ce que l’on devrait être.
- Les blessures affectives jouent également un rôle déterminant. Être quitté, trahi, humilié ou simplement ignoré laisse des traces profondes. L’amour reçu de manière instable ou conditionnelle inscrit l’idée qu’on n’est pas « digne » d’être aimé tel que l’on est. Ces expériences finissent par façonner une croyance tenace : « quelque chose en moi n’est pas assez ».
- Enfin, notre juge intérieure prend le relais. Ce discours intime, souvent sévère, répète sans relâche les critiques autrefois entendues. Cette petite voix se transforme en juge permanent, qui ne laisse pas de place à la nuance ni à la tendresse envers soi-même.
« Ne pas s’aimer n’est pas un défaut personnel, mais une conséquence logique d’un environnement, d’une histoire, d’un passé, d’une éducation et d’un monde qui valorise rarement l’indulgence envers soi. »
Agnès Love Coach
Que veut dire « s’aimer soi-même » ?
Il est essentiel de redonner du sens à cette notion. Car s’aimer soi-même ne signifie pas s’idolâtrer, s’admirer en permanence ni se croire parfait. C’est bien autre chose :
- Reconnaître sa valeur, sa légitimité : savoir que l’on mérite d’exister et d’être respecté, indépendamment de ses réussites, de son apparence, ou du jugement des autres.
- Accueillir ses failles : admettre que la fragilité et la vulnérabilité font partie de l’expérience humaine. S’aimer ne veut pas dire effacer ses zones d’ombre, mais les intégrer sans honte.
- Se traiter comme notre meilleur ami : adopter à son propre égard la même patience, la même indulgence et la même sollicitude que l’on aurait pour quelqu’un qu’on aime profondément.
« L’amour de soi est moins une destination qu’un chemin : celui de se réconcilier avec soi, jour après jour, en cessant de se réduire à ses manques ou à ses échecs. Et dans ce chemin, être épaulé fait toute la différence : seul, on se perd souvent dans ses habitudes et ses doutes, alors qu’avec l’aide d’un accompagnement extérieur bienveillant et lucide, on progresse plus vite et plus sûrement. »
Agnès Love Coach
Exemple de coaching : « Faut-il s’aimer soi-même avant de faire des rencontres amoureuses ? »
Valérie, 36 ans, m’a récemment posé cette question. Elle se disait découragée par les discours qu’elle lisait partout : « Avant d’aimer quelqu’un, il faut déjà s’aimer soi-même. » Or, elle avait envie d’une relation, mais se sentait loin de cet idéal de confiance et d’estime de soi.
Je lui ai expliqué que cette croyance est souvent un piège. Bien sûr, cultiver l’amour de soi est important. Mais attendre d’être parfaitement réconciliée avec soi avant d’oser rencontrer quelqu’un revient à attendre une perfection qui n’existe pas. Nous avons tous des blessures, des zones de doute, des failles. L’essentiel est de ne pas faire porter à l’autre la mission impossible de « réparer » notre estime, mais cela n’empêche pas d’aimer et d’être aimé en chemin.
Avec Valérie, nous avons travaillé sur deux axes : apprendre à repérer sa valeur dans son quotidien (au lieu de ne voir que ses manques), et s’autoriser à entrer en relation même avec ses fragilités. Résultat : elle a pu avancer vers ses rencontres avec plus de légèreté, sans l’angoisse de « ne pas être prête ».
C’est tout le sens de mon accompagnement : montrer que l’amour de soi et l’amour des autres se construisent ensemble, pas l’un après l’autre comme deux cases à cocher.
Comment apprendre à s’aimer ?
S’aimer n’est pas une évidence, mais un apprentissage. Ce travail demande de déconstruire des réflexes ancrés depuis longtemps et de développer de nouveaux gestes intérieurs.
- Accepter ses erreurs : au lieu d’y voir la preuve d’une incompétence ou d’un défaut irréversible, apprendre à les considérer comme des expériences formatrices, des leçons. Chaque faux pas contient un enseignement, et non une condamnation.
- Apprivoiser sa voix intérieure : identifier le discours auto-critique automatique et introduire progressivement d’autres paroles, plus nuancées, plus justes. Il ne s’agit pas de s’illusionner par des affirmations artificielles, mais d’apprendre à se parler avec la même humanité que l’on offrirait à autrui.
- Célébrer ses petites victoires : l’amour de soi se nourrit du quotidien. Reconnaître les efforts, les progrès, même minimes, permet de rééquilibrer la balance intérieure qui tend naturellement à ne retenir que le négatif.
- Prendre soin de soi concrètement : s’aimer n’est pas qu’une affaire d’idées, mais aussi de gestes. Cela peut passer par le repos, l’alimentation, l’expression de ses besoins, le fait d’oser dire non. Chaque choix aligné avec son bien-être renforce ce sentiment de respect de soi.
- S’entourer de relations nourrissantes : personne ne se construit dans l’isolement. L’amour reçu et donné contribue à renforcer l’amour de soi. S’aimer soi-même ne signifie pas s’enfermer dans l’autosuffisance, mais reconnaître que les liens humains participent à notre équilibre. Là encore, l’accompagnement est précieux : une oreille attentive, un regard extérieur, un soutien solide permettent d’ancrer dans la durée ce travail intérieur qui demande du courage.
L’écueil à éviter : « Se choisir soi » comme le préconise le développement personnel
« Il est important de rappeler ce point, car notre époque valorise énormément le développement personnel, parfois au détriment du lien collectif. L’injonction à « se choisir soi » peut se transformer en justification à l’égoïsme, au narcissisme, voire à l’indifférence envers autrui. »
Agnès Love Coach
S’aimer soi-même n’a jamais voulu dire se suffire à soi-même. Il ne s’agit pas de se placer au centre de l’univers, mais de trouver une posture plus juste :
• assez solide pour ne pas exiger d’être sauvé par l’autre,
• assez ouvert pour laisser une place réelle à la rencontre, au couple, à l’amitié, à la communauté.
« Le vrai danger n’est pas de s’aimer trop peu ou trop, mais de confondre l’amour de soi avec un refus de se laisser transformer par les autres. Ce qui compte, au fond, n’est pas d’atteindre une perfection imaginaire où l’on se sentirait en paix permanente avec soi. Personne ne s’aime de manière inconditionnelle à chaque instant. L’enjeu est plutôt de cultiver une relation vivante, évolutive, faite de respect, de patience et d’indulgence. S’aimer, c’est apprendre à se tenir la main soi même, à se relever après la chute, à se reconnaître digne malgré l’imperfection. Et c’est précisément parce que nous parvenons peu à peu à nous offrir cela que nous pouvons, à notre tour, aimer et accueillir l’autre avec plus de justesse et de profondeur. Accepter notre imperfection permet d’accepter l’autre également imparfait »
Agnès Love Coach
L’importance d’être accompagné
Ce chemin vers l’amour de soi est beau, mais il est long, exigeant, parfois décourageant. On croit souvent qu’il faut le parcourir seul, alors qu’il est bien plus supportable, plus doux et plus efficace lorsqu’on est accompagné. Pouvoir mettre des mots sur ses blessures, comprendre ses blocages, se sentir soutenu quand la route semble trop lourde, tout cela change profondément la dynamique.
C’est pourquoi il est si important de ne pas rester isolé dans ce travail intérieur. M’appeler, prendre le temps d’un échange, c’est s’offrir un espace où l’on peut être entendu sans jugement, guidé avec bienveillance, aidé à tenir bon quand les vieilles croyances reprennent le dessus. Le coaching, la parole, la présence d’un accompagnement humain donnent la force de continuer et d’intégrer concrètement cet amour de soi au quotidien. Car oui, apprendre à s’aimer demande du temps, et personne ne devrait avoir à traverser ce long chemin sans une main tendue.