Agnès Love coach

Couple libre ou exclusif ? Peu de couples abordent d’eux même le sujet pourtant primordial en amour de l’exclusivité sexuelle. Pourtant la cause numéro 1 de leurs souffrances concerne la fidélité de leur partenaire. Pourquoi ? Tout simplement – je le constate chaque jour dans mes coachings – la majorité des couples ne se parlent quasiment JAMAIS de leurs besoins, de leurs envies en matière de sexualité et encore moins de leur opinion et attente en matière d’exclusivité sexuelle. Pourtant, pour qu’un couple puisse durer, il doit aborder ce sujet sans tabous ni complexes.

© Jardin des délices. Jérome Bosch

Un couple stable en 2023 peut-il survivre aux instabilités du désir ?

Si cette question a fait couler des torrents d’encre et de larmes, elle prend aujourd’hui une nouvelle ampleur : pour un ensemble de dynamiques sociales, économiques, démographiques et culturelles, l’exclusivité sexuelle est de plus en plus ouvertement remise en cause.

Pourquoi l’exclusivité sexuelle est-elle remise en cause ?

Le sujet de l’exclusivité sexuelle nous renvoie face à nos contradictions sentimentales : côté face on pense : le prince charmant nous libère et côté pile : le prince charmant nous emmène dans un château… puis ferme la porte.

Dans nos sociétés : on « enterre » nos vies de jeunes gens, on met des « cadenas » sur les ponts – et on se fiance en prison ! Nous nous faisons un devoir d’exiger sur les sites de rencontres des relations sérieuses comme si le sexe sans lendemain ne pouvait pas être sérieux. Et comme si un couple engagé et amoureux ne pouvait pas être fantasque en matière de sexualité.

Quand on se retrouve dans les bras d’une.e autre on dit : « Je fais n’importe quoi » Accumuler de l’expérience, étancher sa curiosité, réparer son cœur brisé, est-ce réellement n’importe quoi ? Si par malheur on divorce ou on perd notre partenaire : On « refait » sa vie, comme si hors relation fixe, notre vie était défaite. Sans parler du devoir conjugal… Avouons que le langage nous savonne méchamment la pente.

LE DESIR SEXUEL EN CHIFFRES/ La majorité des grands amoureux finiront par loucher sur le gazon du voisin, à l’herbe proverbialement plus verte : 69 % des Français et 51 % des Françaises ont déjà eu envie de coucher avec quelqu’un d’autre que leur partenaire ; 46 % se sont masturbés en pensant à une tierce personne ; 28 % ont fantasmé sur cette tierce personne pendant les rapports sexuels conjugaux

(étude IFOP/Gleeden, 2016).

Le désir extraconjugal est banal

41 % d’entre nous ont déjà ressenti de l’attirance pour un ou une collègue de travail, et 31 % ont d’ailleurs flirté avec (IFOP/Online Seduction, 2019). Parmi les femmes étant passées à l’acte, seules 30 % le regrettent (pour les hommes, on ne sait pas).

Remuons le dans la plaie : l’infidélité peut survenir avec à peu près n’importe qui, à n’importe quel moment, et se produit (en moyenne) autour de la huitième année de couple.

étude IFOP/Gleeden 2019.

Ces données démontrent bien que le désir extraconjugal est un événement banal, certainement pas une exception et encore moins la sanction d’un échec personnel ou relationnel. Si ce désir est imprévisible dans sa forme, il est prévisible dans son apparition. Prétendre qu’on ne l’expérimentera jamais, c’est comme affirmer qu’on n’aura jamais chaud : c’est possible, mais on ne peut pas en être certain. Surtout que ça ne dépend pas uniquement de notre bon vouloir.

Toutes les possibilités en matière de sexualité

Sur le sujet de la sexualité, il existe deux types de couples : Ceux qui s’organisent et ceux qui ne s’organisent pas.

La plupart d’entre nous faisons partie de la seconde catégorie, partant du principe que « ça n’arrive qu’aux autres » ou qu’il faudra négocier le moment venu (heureusement que nous ne gérons pas notre vie économique comme nous gérons notre vie sexuelle).

Les couples non-organisés se répartissent en 2 camps :

1/ soit ils résistent héroïquement à la tentation (et reportent leur frustration sur leur conjoint, leur playstation ou des cours de respiration par le ventre). Ce n’est pas toujours facile ;

2/ soit ils passent à l’acte quand même, en acceptant de gâter leur aventure d’une certaine culpabilité, ce qui n’est pas facile non plus. Pour rappel : en France, la moitié des hommes et le tiers des femmes passent à l’acte (étude IFOP/Gleeden 2019).

Les couples prévoyants ont trois options :

1/ s’ils ont besoin de voir et/ou de participer, ils font de l’échangisme, hante les clubs libertins, explore ensemble ces désirs parallèles (ce qui n’est pas toujours facile, parce qu’il faut synchroniser ces désirs parallèles) ;

2/ S’ils ont besoin de savoir mais pas de participer, ils se lancent dans le polyamour, s’emparent des outils intellectuels que cette communauté invente pour gérer la transparence absolue (sans surprise, ce n’est pas toujours facile) 

3/ enfin, s’ils n’ont besoin de rien du tout, ils préféreront le couple ouvert ou couple libre : Chacun fait alors comme il veut, sans rendre de comptes à personne. La sexualité est alors considérée comme un jardin secret. Cela implique évidemment une énorme confiance… Et devinez quoi ? Ce n’est pas toujours facile…

Parmi les cinq options que je viens de décrire, aucune n’est donc meilleure que les autres. Il serait absurde de prétendre qu’une formule unique puisse correspondre à toutes les sensibilités et surtout à toutes les trajectoires personnelles (ce sont les jeunes qui donnent le plus de valeur à la fidélité : avec l’expérience et la confiance en soi, des compromis qui semblaient inimaginables peuvent soudain tomber sous le sens).

Oser communiquer nos désirs sexuels

L’important (et le plus compliqué), c’est de se mettre d’accord à deux sur son organisation idéale (ou sur son refus de s’organiser). C’est là que ça coince : nous sommes encore très loin d’une société où « la » conversation pourrait se dérouler sereinement. Le plus souvent, elle n’a même pas lieu : le contrat de couple est implicitement monogame et fidèle… Or quand les choses sont implicites, voire impensées, elles ne se négocient plus.

Sur cette vacance dans nos arrangements de couple, S. Rose, psychanalyste ne transige pas : « Il serait temps d’en finir avec le cliché selon lequel la sexualité ne fait pas tout et de remettre la libido au centre de la relation amoureuse. Cela épargnerait des désillusions traumatisantes à beaucoup de monde. »

Remettre la libido au centre, ça ne revient pas seulement à la prioriser, mais aussi à anticiper son caractère conflictuel et aléatoire, autant que ses moments fusionnels et routiniers. En sortant du royaume de l’implicite pour ouvrir le dialogue, on pourrait s’épargner le couple sacrificiel, sérieux, casé-maqué et cadenassé, dénoncé par S. Rose.

Alors discuter, certes, mais comment ? Du côté des modalités, je serais partisane d’une conversation aussi simple et pragmatique que possible : soit dès le début de la relation, soit lors d’une des étapes de la construction conjugale – par exemple au moment d’emménager ensemble (pour des raisons de logistique extraconjugale, mieux vaut pouvoir rentrer tard sans affronter un interrogatoire en règle).

N’attendez pas la crise pour parler infidélité ou exclusivité !

N’attendez pas un moment de crise (conjugale ou libidinale), afin de garder la tête froide. Lors de votre négociation, laissez de la place à des ajustements futurs : si l’infidélité vous semble insupportable aujourd’hui, ça ne sera pas forcément le cas demain. Enfin, rien ne vous empêche de délimiter strictement votre zone de tolérance : du sexe mais pas de sentiments, du sexe mais pas trop souvent, du sexe mais hors sphère amicale, etc.

Conclusion

Laissez le fatalisme au vestiaire ! Vous n’allez perdre aucune « magie » (le flou artistique n’est pas magique, juste limitant). Si votre foyer conjugal a réussi à définir une place pour les fourchettes, il devrait réussir à définir une place pour les amants et les maîtresses !

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