Agnès Love coach

Le consentement sexuel dans le couple. On sait (selon le Baromètre du Haut Conseil à l’égalité) que 33% des femmes ont déjà eu un rapport sexuel suite à l’insistance d’un partenaire. Mais alors ? « Comment fixer les bonnes limites à mon partenaire ? » me demande Caroline lors d’un coaching ? « Je me demande si j’ai pas été trop loin  » me confie Gaétan. Pour faire le point sur ce sujet du « consentement sexuel dans le couple » je laisse la parole à une sexologue, Guillemette Stevens, membre de l’association Solfa spécialisée dans les violences conjugales.

Idées reçues et fausses informations sur la sexualité

Encore un très grand nombre de jeunes femmes ont leur premier rapport sexuel « pour faire plaisir » suite à l’insistance de leur « crush ». Mais dans les couples plus matures et hétérosexuels, cela arrive très souvent aussi. J’entends très souvent que « l’homme a (soit disant) des besoins sexuels plus importants que la femme », que « C’est un besoin naturel chez lui ».

Or, on se rend compte que tous les individus (hommes et femmes) ont des fluctuations du désir d’autant plus dans un couple de longue durée et en fonction des événements de la vie). Mais cela n’est pas bien compris par les personnes qui s’imaginent que la sexualité, c’est ce qu’on leur décrit dans les magazines ou sur instagram : deux fois par semaine, etc.

C’est quoi, exactement, le consentement sexuel ?

Le terme de consentement est délicat. Car quand on consent à quelque chose, ce n’est pas toujours une notion positive. Sur Internet par exemple, on me demande si je « consens » à accepter des cookies. Cette notion est un peu faussée : Le consentement ne signifie pas toujours le désir.

On devrait plutôt interroger le désir qu’un consentement qui est parfois plus ou moins forcé. Imaginons une interaction sexuelle entre deux personnes. Si l’autre nous demandait : « Est-ce que tu consens? » ce n’est pas pareil que « Est-ce que tu as envie ? »

Guillemette Stevens

La notion de consentement parfois difficile à percevoir dans un couple

Pourquoi la notion de consentement est-elle plus dure à percevoir dans un couple ? On parle d’ailleurs à ce sujet de « zone grise »… Cela tient d’abord au fait que le « devoir conjugal » est encore très présent chez de nombreuses personnes. Quand on parle de viol conjugal, on entend encore souvent: C’est pas possible, ils sont mariés. Et ce devoir conjugal est une notion assez ancienne. Avant la notion de mariage d’amour, il ne faut pas oublier que le couple servait à faire des enfants. L’infidélité masculine était totalement acceptée et la femme était considérée comme quelqu’un sans désir qui doit consentir pour la reproduction.

Quand est arrivée la notion de « mariage d’amour », on a désormais considéré qu’avoir une sexualité épanouie faisait partie du contrat. Ne pas en avoir a même été un motif de divorce.

Il y a aussi eu beaucoup d’injonctions, pas si positives, suite à la révolution sexuelle, notamment celle qui consiste à jouir tout le temps. Le viol conjugal est reconnu depuis très peu de temps (dans les années 1990). La notion de zone grise est d’ailleurs pas mal contredite, notamment dans toutes les études sur la violence. Car elle justifie des choses injustifiables, comme le viol conjugal justement. A savoir que quand cela va jusque là, les femmes, qui vivent déjà fréquemment des situations d’insécurité dans l’espace public, ressentent aussi ce danger dans la sphère privée, ce qui est délétère pour elle.

Angoisse de ne plus être aimé et manque d’éducation sexuelle

12% des hommes avouent avoir déjà insisté pour avoir un rapport sexuel alors que le ressenti des femmes est nettement plus important en ce sens. Comment expliquer mais aussi réduire cet écart de perception ? Dans une vie conjugale, il y a des hauts et des bas. Or dès qu’il y a des bas, il y a tout de suite cette angoisse que la partenaire n’aime plus, que quelque chose ne va pas. Le partenaire préfère souvent fermer les yeux, se dire: « dans le doute, j’y vais ». Alors que ce n’est pas si compliqué de voir dans une relation quand l’autre en a envie ou pas…

Guillemette Stevens, sexologue

Pour réduire l’écart, la clé, c’est la sensibilisation, j’en suis convaincue. confie Guillemette Stevens. Il existe d’ailleurs une loi, en date de 2001, qui stipule que tous les enfants doivent avoir des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle, à raison de 3 séances par an et par classe d’âge, dès le CP. Cela permettrait d’aborder aussi le respect de son propre corps, d’apprendre à savoir dire non, ce que l’autre peut faire et ne pas faire, travailler sur le respect de soi... Mais malheureusement ce n’est pas appliqué, en grande partie à cause de problèmes de budget mais aussi de réticences. Les gens s’imaginent que si on parle d’égalité fille-garçon, on va inciter les enfants à faire des choses. Au contraire : cela leur permettrait d’avoir des pratiques plus respectueuses.

Dans les résultats de ce baromètre du Haut conseil à l’égalité, on voit bien dans certaines réponses de femmes qu’elles mettent en place des attitudes spécifiques dans l’espace public : on a toutes intégré de faire attention à ce qu’on dit et à la tenue qu’on met quand on sort.

Comment fixer les limites dans le couple pour éviter qu’autant de femmes se soumettent à l’insistance de leur partenaire ?

Souvent, ce type de comportement s’installe aussi dans le couple : on intériorise alors d’être gentille, pas contrariante, d’y assumer ce prétendu devoir conjugal pour apporter la paix dans le couple, apaiser le conjoint… Les femmes n’ont pas appris à s’affirmer.

Guillemette Stevens

Quand une femme se fait embêter dans la rue par exemple, il est rare qu’elle régisse de façon violente. Elle va le faire souvent de façon polie, correcte. Dans le couple, les limites devraient être posées dès le début de la relation.

Pour le partenaire comment identifier un non consentement ?

Encore une fois, remplaçons le mot consentement par désir. Si on le fait, c’est facilement identifiable de voir qu’un partenaire est désirant ou ne l’est pas. La partenaire qui reste sans bouger, ça se voit. Mais il est vrai, qu’en en discutant avec des hommes, il existe aussi une forme de déni. Beaucoup disent qu’ils ne s’en rendaient pas compte, pensant, fatalistes, que c’est de toute façon comme ça que la sexualité évolue dans un couple. Et que si leur partenaire ne voulait vraiment pas, elle l’aurait dit clairement.

Il faut à tout prix accepter que ça fait partie d’une vie sexuelle d’avoir des baisses d’envie. D’autant que, dans la pratique sexologique, on se rend compte que, quand il y a une baisse d’envie du côté de la partenaire et que l’autre insiste, le blocage devient plus fort dans le couple. Tout geste de tendresse devient alors un préliminaire pour la partenaire et provoque un rejet, voire un dégoût de l’autre. Alors que, dans les faits, quand quelqu’un n’insiste pas et dit juste « ok, pas de souci, c’est quand tu veux », cela se règle beaucoup plus facilement.

Guillemette Stevens, sexologue

Comment instaurer un climat sain dans la sexualité du couple ?

1. Avoir des gestes de tendresse sans que cela soit forcément des préliminaires

Il faut vraiment toujours garder à l’esprit qu’avoir des baisses de désir fait partie d’une vie sexuelle normale et ne pas surinterpréter quand votre partenaire n’a pas envie. Le plus important est de garder une communication, des gestes de tendresse qui ne deviennent pas des préliminaires. Si l’autre ne veut que des câlins, on s’en contente car c’est très important de garder cette proximité.

2. Ouvrir sa sexualité à plus d’érotisme

Pourquoi pas, également, ouvrir un peu sa sexualité à plus d’érotisme, accepter de jouer sans aller plus loin, en écoutant le désir de l’autre, avoir des petites stimulations érotiques propres à votre fonctionnement : des messages, etc. Et accepter d’en rester là. Car ces stimulations font aussi partie de la sexualité. Comprendre qu’on n’est pas obligé d’aller vers une pénétration ou un orgasme pour avoir une sexualité épanouie.

Quels conseils donneriez-vous à un partenaire qui se rendrait compte qu’il est allé trop loin ?

Quand le conjoint en prend conscience, c’est parfois très difficile pour lui de se dire qu’il a pu être un agresseur. Ce qui compte, c’est ouvrir le dialogue. Car c’est toujours bénéfique. En disant, par exemple: « je me suis rendu compte que j’ai eu des attitudes pas correctes. » Et en se questionnant au sein du couple sur ce qui peut être mis en place pour réparer cela. Il existe aussi de nombreuses lectures, podcasts pour s’ouvrir à ces questions-là. Je recommande, par exemple, les podcasts Le cœur sur la table et Les couilles sur la table, les livres de Mona Chollet ou encore l’ouvrage Au-delà de la pénétration.

Conclusion d’Agnès Love Coach

En matière de sexualité il ne faut jamais se perdre de vue et il faut rester centré sur ses désirs et ne jamais dépasser ses limites. Concrètement, pour cela, avant tout acte sexuel, posez vous cette toute simple question : Ai-je réellement envie ? (Ou vais-je passer à l’acte ou accepter cette pratique « de trop pour moi » dans l’intention de plaire, de faire plaisir à l’autre ou par peur de perdre l’amour de l’autre, d’être abandonné, de déplaire, de sa réaction etc…?) N’acceptez pas ou plus JAMAIS une pratique sexuelle pas vraiment désirée.

Le respect de soi et de l’autre est la seule et unique solution pour établir le climat de confiance obligatoire pour des relations entre adultes consentants. C’est ainsi que vous vivrez des relations tendres, douces, légères et érotiques à souhait !

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