Agnès Love coach

Les couples sains et épanouis parlent sexe, amants et maitresses !

© Jardin des délices. Jérome Bosch

C’est frappant comme, peu de personnes aborde d’eux même le sujet si primordial en amour de l’exclusivité sexuelle. Pourtant…. La cause numéro 1 de leurs souffrances est l’infidélité, le mensonge et les doutes concernant la fidélité de leur partenaire. Pourquoi ? Tout simplement, je le constate chaque jour, la majorité des couples ne se parlent JAMAIS de leurs besoins, de leurs envies en matière de sexualité et encore moins de leurs avis et attentes ne matière d’exclusivité sexuelle. Pourtant, pour qu’un couple puisse durer, il doit aborder ce sujet sans tabous ni complexes. Voici un article paru dans LE MONDE à lire sans fautes par toute personne qui souhaite construire durablement leur couple. Alors il est temps de parler Sexe et Exclusivité.

Face au désir extraconjugal, il y a les duos qui, prévoyants, s’organisent, et ceux qui ne le font pas. Aucune des cinq options n’est meilleure que les autres : l’important est d’en parler et de tomber d’accord. Le couple stable peut-il survivre aux instabilités du désir ? Si cette question a fait couler des torrents d’encre (et de larmes), elle prend aujourd’hui une nouvelle ampleur : pour un ensemble de dynamiques sociales, économiques, démographiques et culturelles (que je vous énumérerai dès que Le Monde acceptera de me confier des chroniques de 800 pages), l’exclusivité sexuelle est de plus en plus ouvertement remise en cause.

Accueillons donc un nouveau pavé dans la mare avec un essai paru le 10 septembre, au titre sans équivoque : En finir avec le couple, aux éditions La Musardine (128 pages, 16 euros). Son auteur, Stéphane Rose, s’est déjà illustré dans l’art de l’opinion minoritaire : rien que chez le même éditeur, il a déjà publié une Défense du poil en 2010 et Comment rater sa vie sexuelle en 2012.

Contradictions sentimentales

Le propos dépasse pourtant le simple exercice de style, tant il nous renvoie face à nos contradictions sentimentales : côté face, un amour émancipateur (le prince charmant nous libère) ; côté pile, un vocabulaire révélateur de frustrations grosses comme des baraques à frites (le prince charmant nous emmène dans un château… et ferme la porte).

Jugez-en plutôt : on se case dans la petite boîte domestique, on enterre nos vies de jeunes gens, on met des cadenas sur les ponts – et pourquoi pas se fiancer à Fleury-Mérogis ? Nous nous faisons un devoir d’exiger des relations sérieuses, comme si le sexe sans lendemain ne pouvait pas être sérieux… Et comme si le couple ne pouvait pas être fantasque.

Les phases volages sont renvoyées à l’informe : « Je fais n’importe quoi » – mais accumuler de l’expérience, étancher sa curiosité, réparer son cœur brisé, est-ce réellement n’importe quoi ? Et puis après un divorce ou un deuil, on refait sa vie, comme si hors relation fixe, notre vie était défaite. Ajoutez à ça le devoir conjugal, et vous constaterez que le langage nous savonne méchamment la pente.

Revenons donc aux basiques. La majorité des grands amoureux finiront par loucher sur le gazon du voisin, à l’herbe proverbialement plus verte : 69 % des Français et 51 % des Françaises ont déjà eu envie de coucher avec quelqu’un d’autre que leur partenaire ; 46 % se sont masturbés en pensant à une tierce personne ; 28 % ont fantasmé sur cette tierce personne pendant les rapports sexuels conjugaux (étude IFOP/Gleeden, 2016).

Le désir extraconjugal, un événement banal

Ces désirs illicites ignorent allègrement les règles du monde professionnel : 41 % d’entre nous ont déjà ressenti de l’attirance pour un ou une collègue de travail, et 31 % ont d’ailleurs flirté avec (IFOP/Online Seduction, 2018). Parmi les femmes étant passées à l’acte, seules 30 % le regrettent (pour les hommes, on ne sait pas).

Retournons quelques derniers couteaux dans la plaie : l’infidélité peut survenir avec à peu près n’importe qui, à n’importe quel moment, et se produit en moyenne autour de la huitième année de couple (étude IFOP/Gleeden 2019).

Comme ces données le montrent, le désir extraconjugal est un événement banal, certainement pas une exception, encore moins la sanction d’un quelconque échec personnel ou relationnel (vous ne partez pas en vacances parce que vous détestez votre appartement, mais parce que vous aimez les vacances : avec les amants et amantes, c’est pareil).

Si ce désir est imprévisible dans sa forme, il est prévisible dans son apparition. Prétendre qu’on ne l’expérimentera jamais, c’est comme affirmer qu’on n’aura jamais froid : c’est possible, mais on ne peut pas en être sûr à l’avance… Et ça ne dépend pas uniquement de notre bon vouloir.

Deux types de couples

Face à cette probabilité, il existe deux types de couples : ceux qui s’organisent et ceux qui ne s’organisent pas. La plupart d’entre nous faisons partie de la seconde catégorie, partant du principe que « ça n’arrive qu’aux autres » ou qu’il faudra négocier le moment venu (heureusement que nous ne gérons pas notre vie économique comme nous gérons notre vie sexuelle).

Commençons donc par les non-organisés, qui se répartissent en deux camps :

– soit ils résistent héroïquement à la tentation (et reportent leur frustration sur leur conjoint, leur Playstation ou des cours de respiration par le ventre). Ce n’est pas toujours facile ;

– soit ils passent à l’acte quand même, en acceptant de gâter leur aventure d’une certaine culpabilité, ce qui n’est pas facile non plus. Pour rappel, en France, la moitié des hommes et le tiers des femmes passent à l’acte (étude IFOP/Gleeden 2019).

Du côté des couples prévoyants, il existe trois options :

– si on a besoin de voir et/ou de participer, on fait de l’échangisme, on hante les clubs libertins, on explore ensemble ces désirs parallèles (ce qui n’est pas toujours facile, parce qu’il faut synchroniser ces désirs parallèles) ;

– si on a besoin de savoir mais pas de participer, on se lance dans le polyamour, et on s’empare des outils intellectuels que cette communauté invente pour gérer la transparence absolue (sans surprise, ce n’est pas toujours facile) 

– enfin, si on n’a besoin de rien du tout, on préférera le couple ouvert : chacun fait comme il veut, sans rendre de comptes à personne. La sexualité est alors considérée comme un jardin secret. Cela implique évidemment une énorme confiance… Et devinez quoi : ce n’est pas toujours facile.

Parmi les cinq options que je viens de décrire, aucune n’est meilleure que les autres. Il serait absurde de prétendre qu’une formule unique puisse correspondre à toutes les sensibilités et surtout à toutes les trajectoires personnelles (ce sont les jeunes qui donnent le plus de valeur à la fidélité : avec l’expérience et la confiance en soi, des compromis qui semblaient inimaginables peuvent soudain tomber sous le sens).

Ouvrir le dialogue

L’important, et le plus compliqué, c’est de se mettre d’accord à deux sur son organisation idéale (ou sur son refus de s’organiser). C’est là que ça coince : nous sommes encore très loin d’une société où « la » conversation pourrait se dérouler sereinement. Le plus souvent, elle n’a même pas lieu : le contrat de couple est implicitement monogame et fidèle… Or quand les choses sont implicites, voire impensées, elles ne se négocient plus.

Sur cette vacance dans nos arrangements de couple, Stéphane Rose ne transige pas : « Il serait temps d’en finir avec le cliché selon lequel la sexualité ne fait pas tout et de remettre la libido au centre de la relation amoureuse. Cela épargnerait des désillusions traumatisantes à beaucoup de monde. »

Remettre la libido au centre, ça ne revient pas seulement à la prioriser, mais aussi à anticiper son caractère conflictuel et aléatoire, autant que ses moments fusionnels et routiniers. En sortant du royaume de l’implicite pour ouvrir le dialogue, on pourrait s’épargner le couple sacrificiel, sérieux, casé-maqué et cadenassé, dénoncé par Stéphane Rose.

Alors discuter, certes, mais comment ? Astuce : vous avez le droit d’utiliser le prétexte d’une chronique dominicale parue pour un grand journal français (je dis ça, je dis rien…). Du côté des modalités, je serais partisane d’une conversation aussi simple et pragmatique que possible : soit dès le début de la relation, soit lors d’une des étapes de la construction conjugale – par exemple au moment d’emménager ensemble (pour des raisons de logistique extraconjugale, mieux vaut pouvoir rentrer tard sans affronter un interrogatoire en règle).

Ajustements futurs

N’attendez pas un moment de crise (conjugale ou libidinale), afin de garder la tête froide. Lors de votre négociation, laissez de la place à des ajustements futurs : si l’infidélité vous semble insupportable aujourd’hui, ça ne sera pas forcément le cas demain. Enfin, rien ne vous empêche de délimiter strictement votre zone de tolérance : du sexe mais pas de sentiments, du sexe mais pas trop souvent, du sexe mais hors sphère amicale, etc.

Enfin et surtout, laissez le fatalisme au vestiaire. Vous n’allez perdre aucune « magie » (le flou artistique n’est pas magique, juste limitant). Si votre foyer conjugal a réussi à définir une place pour les fourchettes, il devrait réussir à définir une place pour les amants et les maîtresses !

Maïa Mazaurette pour Le Monde

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